Quoi de plus enthousiasmant que l’étonnement positif ? Retrouver la fraîcheur de l’enfant qui s’émerveille devant chaque chose, l’excitation de l’aventurier qui découvre une nouvelle contrée, la joie du marcheur qui prend pour la première fois un nouveau sentier …

Il est donc évident que l’étonnement positif a toute sa place dans la vie professionnelle. Car il nous connecte avec des sensations aériennes propices à la découverte, à la créativité, à la comparaison des points de vue, à l’élargissement de notre cadre de référence …

Régulièrement nous entendons parler chez nos clients de ‘’Vis ma vie’’, de ‘’Parcours d’intégration’’, de ‘’Shopping tour’’ et autres ‘’Learning expeditions’’.

Dès lors, il devient intéressant de se poser la question du ‘’Comment’’ !

– Comment faire de ces expériences de vrais moments professionnels (et pas des moments de balade sympathique à l’extérieur du bureau, ce qui est tout aussi valable mais ne produit pas les mêmes effets) ?
– Comment s’y prendre pour s’étonner réellement (et éviter de se rassurer en observant uniquement ce que l’on sait déjà) ?
– Comment faire pour orienter son observation sur le positif (au lieu de focaliser sur la critique) ?

C’est le sujet que nous nous proposons d’aborder dans cet article

Pourquoi l’étonnement POSITIF ?

Commençons par la fin, comme nous aimons le faire en coaching ?

Sans revenir en détail sur les vertus du regard positif, nous aimerions rappeler en quoi il est important d’orienter votre étonnement vers le positif.

La vie est relative, par nature : elle est constituée de négatif et de positif (expériences gratifiantes ou blessantes, situations agréables ou désagréables, etc.)
Fort de notre libre arbitre (au moins théorique), nous restons cependant libres d’orienter notre attention sur ce qui nous plaît plutôt que sur ce qui nous déplaît. Plus qu’un simple choix de bon sens, c’est peut-être un véritable art de vivre, qui repose sur ce choix essentiel de cultiver délibérément son bien-être.

rapport d'étonnement

L’autre raison est un peu plus ‘’scientifique’’. Notre cerveau étant généralement peu contrariant, il se programme pour capter autour de nous ce qui est conforme à l’intention que nous donnons à notre observation.

Si nous voulons voir du négatif, nous en verrons partout. Vous n’êtes pas convaincus ?
Essayez alors avec une couleur. Fermez les yeux un moment, choisissez une couleur mentalement. Rouge par exemple. Puis ouvrez les yeux et regardez autour de vous. Tout le rouge présent va vous ‘’sauter’’ aux yeux, sans besoin de faire le moindre effort.
Fermez à nouveau les yeux et choisissez une autre couleur. Puis recommencez l’expérience en ouvrant les yeux. Cela marche à tous les coups.

Par ailleurs, en observant ce qui se passe autour de nous, nous imprimons des sensations dans notre programme cérébral. Elles sont stockées sous forme de chaînes neuronales pour y avoir accès à nouveau sur demande.

Alors vous nous direz peut-être qu’observer un comportement négatif permet de mieux se convaincre de ne jamais le reproduire. Sauf qu’il est relativement complexe (et en tous cas pas naturel du tout) de passer par la négation pour accéder à l’affirmation.

Une nouvelle expérience ? Fermez à nouveau les yeux et imaginez que vous êtes en train de vous balader dans la forêt, tranquillement. Laissez-vous envahir par toutes les sensations agréables que vous connaissez dans ce genre de moment : odeurs, couleurs, toucher, …
Puis, attention !
Essayez maintenant de ‘’ne pas voir un lapin rose qui traverse en détalant devant vous’’.

rapport d'étonnement

Impossible.

Le ‘’ne pas’’ n’est pas gérable par notre cerveau sans passer par le ‘’pas’’.
Autrement, la négation de quelque-chose n’induit pas le positif de ce quelque-chose. Mais renforce au contraire l’existence de ce ‘’négatif’’ dans nos chaînes neuronales.

Les fumeurs vous diront que les panneaux ‘’ne pas fumer’’ commencent d’abord par leur donner envie … de fumer justement. Les profs d’escalade que dire ‘’ne regarde pas en bas’’ produit inévitablement l’inverse de ce que l’on souhaitait. Etc …

rapport d'étonnement

Dès lors, Stop à l’observation négative et Vive l’observation positive !! Qui ne s’embarrasse pas de détours pour déclencher un résultat directement positif ?

Evidemment, y parvenir n’est pas chose aisée. C’est essentiellement une question d’attitude et de posture dans la vie. Une question de choix, le vôtre…- Il est plus facile de reproduire et d’améliorer ce que l’on fait déjà bien, que d’apprendre de nouvelles compétences. Il ne faut donc jamais se priver de cette source d’énergie disponible et accessible, que beaucoup d’entre nous ne voient pas ou ne voient plus.

Nous attendions la question et la voilà venir : Que faire alors du négatif que nous ne manquerons pas, malgré tous nos efforts d’observer ?
Et bien … Rien !
L’absence de commentaire suffit à montrer qu’il n’y a rien à regarder par là. Le négatif apparaît ‘’en creux’’ du positif. Vous envoyez ainsi un double signal très fort : on va s’appuyer sur le positif pour progresser là où il y en a besoin.

Timothy Galwey, célèbre entraîneur de tennis et souvent décrit comme le ‘’père spirituel du coaching’’, raconte comment en faisant travailler à un joueur son meilleur coup, jusqu’à l’excellence, cela entraîne des progrès notables sur tous les autres. Magie de la confiance en soi obtenue par les boucles de réussite.

A quoi sert l’étonnement positif ?

Le rapport d’étonnement positif est ainsi l’outil par excellence permettant de :

– valoriser le travail fait par les autres, indépendamment de ce que vous apportez ou proposez d’apporter vous-même,

– les inciter à s’appuyer sans réserve sur ces points forts (que vous savez leur rendre visibles), avec plus de confiance, plus de force et donc encore plus d’efficacité. Le tout pour toujours plus de plaisir …

– les rassurer, par là-même, et les mettre dans les meilleures dispositions possibles pour découvrir avec envie de nouvelles options,

– leur permettre de prendre appui sur ces fondations solides, pour s’élancer vers des objectifs plus difficiles ou plus ambitieux, afin de se dépasser plus sûrement.

Et, c’est peut-être ‘’la cerise sur le gâteau’’, le rapport d’étonnement positif va servir à vous rendre, si besoin est, encore plus légitime auprès de votre équipe.
En effet, savoir observer le positif sous-entend que l’on sait quoi observer. Et donc, que l’on est compétent pour le faire.

Laissez donc tomber définitivement cette fausse idée que pour être fort il faut ‘’casser la figure aux autres’’, en leur montrant que vous n’êtes pas dupes de tout ce qui dysfonctionne.

rapport d'étonnement

Bien entendu, vous devez utiliser cet outil de manière juste et responsable. La frontière avec la manipulation peut être fine et, pour éviter ce risque (dont les effets peuvent être dévastateurs), vous vous devrez d’être précis, factuels et authentiques. D’autre part, il s’agit bien de parler du présent, de ce qui existe et non de ce qui a existé. Inutile d’ouvrir la boîte à regrets.

Bien utilisé, le rapport d’étonnement positif vous donnera l’occasion d’être fin et pertinent, montrant ainsi à vos interlocuteurs comment vous avez bien su saisir ce qui est leur marque de fabrique, et comment vous allez prendre appui sur ces forces pour aller de l’avant avec eux.

Et sur quoi donc s’étonner ?

Puisque l’on parle ici d’étonnement, il est facile d’imaginer que tout contexte incluant la nouveauté est propice à se livrer à ce genre d’exercice. Voilà quelques-unes des situations dans lesquelles nous pensons utile et astucieux d’utiliser ce petit outil :

  • vous prenez un nouveau poste ou une nouvelle équipe,
  • vous récupérez une nouvelle mission ou un nouveau projet,
  • vous donnez la parole à un collaborateur nouvellement arrivé au sein de votre équipe,
  • vous allez pour la première fois chez un prospect ou chez un nouveau client,
  • vous répondez à un appel d’offres et analysez le cahier des charges qui vous a été remis …

En résumé,

  • Chaque fois que vous estimez utile de faciliter votre intégration ou celle d’une autre entité dans une structure existante.
  • Chaque fois que vous souhaitez retourner une image positive et dynamique de quelque chose, ne serait-ce que pour mieux prendre appui et proposer vos propres contributions et innovations

Par exemple, il peut être très payant de s’étonner positivement de ce que votre concurrent fait. S’inscrivant ainsi en rupture avec le style de beaucoup d’autres, vous surprendrez et paraîtrez encore plus fort lorsque vous parlerez de ce que vous savez faire et de vos différences. Rien de plus exaspérant, par exemple, que le regard d’un ouvrier qui débarque chez vous pour une réparation, en vous posant irrémédiablement la même question : « qui a bien pu vous faire un truc pareil ? », vous donnant instantanément l’impression d’être l’imbécile de service qui ne sait pas choisir ses artisans. Et vous voilà rapidement en train de défendre le travail d’un autre …

Comment faire un bon rapport d’étonnement positif ?

Nous avons parlé de l’importance du positif ainsi que l’intérêt de s’étonner, il nous reste à parler de la manière de bâtir votre rapport, ou plutôt de l’attitude qui vous permettra de le concevoir en mode Coaching.

Pour cela, il faut se placer dans une posture d’observateur. Restez ouvert, curieux, enthousiaste, posez plein de questions (nous reviendrons demain sur les questions de coach). Attachez-vous à voir ce qui est plus que ce qui manque, ce qu’ils font plus que ce que vous pourriez apporter… Insistons sur ce point, car souvent évidemment on cherche ce qu’il faudrait améliorer ou changer, et dès lors le regard est orienté sur ce qui ne va pas, ce qui est l’inverse d’un regard appréciatif et valorisant !
A ce stade d’observation positive, ne mélangez pas les genres et abstenez-vous, dans la mesure du possible, de donner des conseils ou des directives.

Lors de vos visites, sachez sortir de votre cadre de référence, de votre prisme habituel.
Lors d’un entretien, surprenez votre interlocuteur en lui posant quelques questions :

  • Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton job ?
  • Qu’est-ce que tu fais le mieux ?
  • Qu’est-ce qui fait que l’on t’a choisi pour occuper cette fonction ?
  • En quoi es-tu “quelqu’un de bien ” ?
  • Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans le fonctionnement actuel de l’équipe (ou de l’entreprise) ?
  • Qu’est-ce qui est important pour toi dans le travail (valeurs)
  • Quelles compétences et qualités professionnelles aimerais-tu développer encore ?

Votre premier étonnement sera sans doute de réaliser à quel point vos interlocuteurs seront surpris de vos questions et encore plus surpris de découvrir qu’ils ont parfois du mal à répondre à ces questions pourtant fondamentales.

Prenez des notes à la volée, puis prenez un peu de recul pour faire votre synthèse.
Pour être utile ce rapport doit être le plus précis possible, factuel, avec des exemples concrets, avec des citations. Il peut ne pas être complet, mais ne doit pas comporter de critiques.

Le cas particulier d’une nouvelle équipe

Nous l’avons dit, cet outil est particulièrement bien adapté quand vous prenez en main une nouvelle équipe.

Dans ce cas, l’un des objectifs est de contracter une alliance de travail avec vos nouveaux collaborateurs, tout en les encourageant à faire davantage de ce qu’ils font naturellement bien. Rappelez-vous que vos nouveaux collaborateurs pourraient bien vous percevoir, a priori, comme un « envahisseur », qui va demander encore plus, faire table rase du passé et par là-même des résultats obtenus et des efforts consentis. « Il va encore falloir s’adapter !»

Prévenez votre équipe que vous allez recevoir en ce sens chacun d’entre eux et que vous participerez en observateur à vos premières réunions d’équipe.
Prenez aussi des contacts à l’extérieur de l’équipe, avec les personnes influentes (clients, fournisseurs, partenaires, …). Impliquez-les dans vos interrogations, faites leur part de votre enthousiasme, de votre état d’esprit, demandez-leur des éclairages, posez-leur des questions, repérez leurs attentes, etc…

Quand vous prenez des notes, veillez à ce que cela ne soit pas un écran entre vous et l’équipe. Idéalement, ne notez que des mots clés, du verbatim (mot pour mot ce que vos interlocuteurs disent), des idées qui vous viennent, un mot qui caractérise ce que vous ressentez.

Donnez-vous quelques semaines pour finaliser votre rapport. Prenez deux heures en fin de chaque semaine, pour synthétiser ce que vous avez appris, pour prendre du recul, pour fixer vos priorités d’observation de la semaine suivante.

Viendra alors le moment des restitutions. Orales ou écrites ? Individuelles ou collectives ?
L’idéal sera sans doute de le faire oralement, notamment en individuel, puis de le confirmer par écrit.
La présentation d’une synthèse à l’équipe est de toute façon impérative si l’on veut entraîner une dynamique de groupe.

Dans ce cas, votre rapport d’étonnement positif peut être adossé à quelques planches de diaporama, indiquant trois points positifs du “fonctionnement collectif”, eux-mêmes illustrés par 2 ou 3 exemples très concrets que vous raconterez oralement, prenant bien le temps de souligner dans chaque exemple ce qui vous paraît être exemplaire de l’efficacité collective.

Vous aurez tout le temps un peu plus tard de fournir des feedbacks critiques, de recadrer des dérapages, de dire non, de sanctionner des erreurs…
Pour l’instant, ce retour valorisant aux équipes est justement ce qui leur donnera envie de s’engager à vos côtés, dans un travail collectif de quelques semaines pour préparer leur projet fédérateur, lequel comportera des axes d’amélioration et des actions correctives.

 

A vous de jouer : étonnez-vous positivement !

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