Performance ou excellence ? Ces notions apparaissent souvent dans les débats en entreprise comme dans le sport ou la vie politique.
Mais que met-on réellement derrière chacun d’entre eux ? N’y aurait-il pas une grande confusion entre ces deux termes pourtant très différents ?

Et surtout y a-t-il un choix à faire ? et si oui … lequel ?

Dans cet article, nous vous proposons notre point de vue sur ce sujet complexe et parfois brûlant …

La performance, le nouveau Graal

Le monde professionnel actuel semble accorder une part de plus en plus belle à la performance.
S’il fallait s’en convaincre, il suffit d’observer son entrée dans le vocabulaire courant des entreprises : On parle de KPI (Key Performance Indicator) à tous les coins de couloirs, les CPO (Chief Performance Officer) font leur apparition dans les organigrammes et tendent parfois même à prendre la place des CEO, les politiques mises en place sont évaluées par des agences de notation qui se basent essentiellement sur des critères de performance économique.

Et la performance n’est pas réservée au monde des affaires. Le sport est en permanence à la recherche de nouveaux records, les émissions de télé à la recherche de performeurs extraordinaires.

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Si la performance est nécessaire, car sans elle l’entreprise et ses salariés disparaît, la pousser au rang de quête absolue du ‘’toujours plus’’ entraîne avec elle son lot de désolation : comparaison permanente, sentiment d’impuissance, perte de confiance, consommation de substances toxiques, burn-out, …

Nous le savons bien, nos clients viennent déposer ces fardeaux dans leurs séances de coachings !

Que faire, une fois ce constat posé ?

Timothy Gallwey, pionnier du coaching professionnel, s’est posé la question après des années de carrière d’entraîneur sportif, à faire travailler ses joueurs pour qu’ils améliorent leurs points faibles et deviennent plus performants. Sa réponse unique avait toujours été : l’effort et le travail.

Jusqu’au jour où, les années passant, il s’est rendu compte qu’un point faible restait toujours un point faible, même en devenant … plus fort. Car, ce qu’il appelle ‘’the inner voice’’, la petite voix, continue à nous murmurer sans cesse : ‘’aïe, la balle arrive sur mon revers … attention à ne pas la mettre dans le filet !’’.
Or, l’énergie allant là où se porte l’attention, la balle ira régulièrement trouver sa place là où ma croyance limitante la visualise.

C’est alors qu’il décide d’introduire une dimension nouvelle dans ses entraînements : celle du plaisir !
Et comment se faire plaisir quand on est un sportif de haut niveau qui répète inlassablement les mêmes gestes ? C’est simple : en se centrant sur ses bons coups, et en les poussant jusqu’à … l’excellence.

Ton revers est faible ? Et bien travaille ton coup droit.
Jusqu’à ce qu’il devienne le meilleur du circuit et que la ‘’petite voix’’ se taise à tout jamais !

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Les résultats qu’il constate alors sont étonnants : non seulement ses joueurs renforcent leurs points forts, mais leurs coups faibles progressent également !
S’appuyer sur ses forces donne la confiance qui permet d’oser et qui, au final, produit … de belles performances ! C’est le début de la pédagogie positive.

La performance est relative et potentiellement dangereuse

La performance est liée au résultat. Et le résultat c’est ce qu’il y a au bout de la course, sur la ligne d’arrivée. Il appartient au futur, il est incertain, aléatoire, source de désir mais aussi de stress.
Car, dans l’atteinte de la performance, tout ne dépend pas de moi. Des tas de facteurs exogènes sont également à prendre en compte : croissance ou décroissance de mon marché, installation d’un concurrent, accident de vie, …

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Courir sans cesse après la performance, c’est un peu comme marcher dans le désert. Plus je suis fatigué et plus j’ai soif d’arriver, plus je risque d’être victime de l’un de ces fameux mirages qui me font croire l’oasis proche. A chaque fois que le mirage se manifeste, je me remplis d’allégresse. A chaque fois que l’illusion disparaît, je me remplis de découragement.

Ceux qui sont focalisés sur la performance savent au fond d’eux-mêmes qu’ils ne seront jamais satisfaits. La réjouissance d’atteindre un niveau est éphémère et il y a fort à parier qu’ils auront tout de suite envie d’aller plus loin, plus fort, et s’engageront dans une spirale sans fin, qui ne peut mener qu’au déclin, à la souffrance ou à la folie.

 

L’excellence est un processus continu, source inépuisable de joie

L’excellence se joue dans l’instant présent. Faire de son mieux ici et maintenant, c’est déjà tellement ! Et parfaitement accessible, à chaque instant. Au travers de l’excellence, j’abandonne toute notion de but à atteindre et de comparaison aux autres. Je peux être pleinement moi-même, le meilleur de moi-même, à chaque instant.

Le vieil adage dit vrai : Le voyage compte plus que la destination. Nos anciens le vivaient sans doute plus intensément que nous. Les bâtisseurs qui lançaient la construction d’une cathédrale en voyait rarement la réalisation, les explorateurs ouvraient des routes mais c’est leurs successeurs qui découvraient les nouvelles terres.

L’excellence est unique et incomparable. Elle s’ancre avec exigence dans l’authenticité et l’humilité d’être soi-même.

Si les hommes se focalisaient sur leur excellence plutôt que sur la performance, il y a fort à parier que le monde serait plus apaisé : finies les comparaisons, la compétition à tout crin, et l’envie d’avoir raison sur tous les autres !

Se centrer sur son excellence permet de ‘’lâcher ses gestes’’, de partir de ses points forts naturels et de laisser son véritable talent s’exprimer. On le voit souvent chez les grands artistes. Leur art évolue, devient de plus en plus pur et subtil. Au fur et à mesure qu’ils lâchent la technique (qui leur a pourtant été utile quand ils ont débuté).

La clé : Lâcher-prise et concentration

Alors, vous me direz … Il est bien gentil avec ses discours fumeux : ‘’Nous sommes des chefs d’entreprise et le résultat c’est hyper important pour nous’’.
Il faut bien faire des business plans pour le banquier, des bilans pour le comptable, des prévisions de trésorerie pour payer les salariés, des études de marché pour analyser les perspectives et se fixer des objectifs.

Oui, certainement ! Lâcher sur la performance pour se centrer sur l’excellence ne veut pas dire : faire n’importe quoi, dans n’importe quelle direction …

Le voyageur d’antan, lui aussi, se fixait une destination, regardait ses cartes et avançait à la boussole.

Le résultat, il faut s’en occuper. Le visualiser, le décrire, l’afficher sans doute. C’est même à cette condition que vous pourrez ensuite le lâcher en toute sérénité.

Sinon, vous allez rester scotchés sur les indicateurs, et ne lèverez plus le nez pour profiter de la route et prendre du recul sur votre itinéraire.

Récemment, une cliente me racontait que son actionnaire lui envoyait le résultat compilé de tous ses points de vente, toutes les heures, du matin 9h jusqu’au soir 23h (alors que le dernier point de vente ferme à 20h). Elle me décrivait également cette sensation d’étouffement qui la poussait à se justifier sans cesse, à réagir dans l’urgence, sans prise de recul.

Alors oui, soyez clairs sur la destination, puis … oubliez là !
Pour vous concentrer, pas après pas sur ce que vous savez bien faire et aimez faire. Pour vivre chaque instant comme si c’était le dernier et le meilleur, en vous remplissant de la joie du travail bien fait (et non du résultat atteint). Vous serez alors sans doute surpris de voir la performance suivre, naturellement et sans effort …

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Prêts à essayer ?

Si c’est le cas, comme toujours, nous vous préconisons alors de démarrer par un 5P (Plus Petit Progrès Pertinent Possible). Choisissez un sujet sans risque trop important pour vous et testez pour réussir et vous donner envie d’aller plus loin.

Vous aimez le sport ? centrez votre prochaine ‘’compétition’’ sur l’instant présent et la joie de chaque mouvement plus que sur la victoire

Vous aimez la cuisine ? choisissez les ingrédients qui vous plaisent, les saveurs qui vous enivrent et composez votre plat sans penser aux remarques des invités qui vont le déguster

Installez-vous dans des pratiques qui favorisent l’ancrage et la présence.

Puis, progressivement, lâchez-prise sur de premiers objectifs professionnels. Bref, prenez du plaisir à lâcher. Et réjouissez-vous …

 

Frank Salles

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