Sport et entreprise ont au moins deux points en commun : émotions et performance

Alors que toutes les recherches actuelles concordent pour dire que le rôle de l’émotion est déterminant dans la performance, elle reste cependant méconnue, voire ignorée, du monde de l’entreprise.

Qu’entend-on nous par performance ?

Je définis tout simplement la performance comme l’atteinte d’un résultat meilleur que celui obtenu habituellement et/ou comme l’obtention d’un résultat identique à d’habitude, mais sous pression et/ou dans la durée.
Dès qu’il s’agit de performance, il est toujours question de dépassement de soi. Image bien véhiculée par le sport professionnel dont l’univers de l’entreprise s’inspire pour communiquer sur la performance. Cependant, si dans le sport cette notion de “dépassement de soi” est de mieux en mieux accompagnée psychologiquement (notamment par une meilleure gestion des émotions), l’entreprise, quant à elle, reste à la traîne dans cette évolution. Manager la performance c’est accompagner à prendre des risques en vue d’atteindre un objectif ambitieux.

De manière individuelle :

  • développement des compétences
  • changement de comportements
  • évolution des croyances limitantes
  • dépassement des doutes et des peurs
  • ….

De manière collective :

  • remise en question des habitudes de fonctionnement
  • appropriation et l’acceptation des règles communes
  • ajustements des différents rythmes collectifs
  • compréhension de l’autre et fédération de tous par une vision commune
  • développement de l’estime des uns pour les autres

Emotions et performance

Savez-vous quels sont les 3 mots qui reviennent le plus régulièrement à propos de performance ?

Stress, peur et excitation… c’est inévitable :  émotions et performance sont intimement liées !
Vouloir manager la performance sans tenir compte du rôle des émotions est donc tout à fait irrationnel, comme nous allons le voir…

Qu’est-ce qu’une émotion ?

L’émotion vient du latin « exmovere » qui signifie « mettre en mouvement “. En effet, qu’elle soit agréable ou désagréable, l’émotion a un impact direct sur notre niveau d’énergie. Très concrètement, et physiquement, l’émotion s’exprime dans notre corps sous forme de chimie, en neurotransmetteur ou en hormone.

Par exemple, si vous êtes d’humeur joyeuse vous allez libérer de la dopamine et de la sérotonine qui vont vous permettre d’être plus motivé, plus attentif et plus résistant à la fatigue. Un challenge apparaît et l’adrénaline se libère, pour décupler vos capacités d’action. Vous êtes dans une “zone de challenge”. Bien accompagné dans cette zone, vous êtes dans un état propice pour performer.

Imaginons que le challenge devienne trop important (zone de panique), ou que dans la “zone de challenge” vous vous sentiez seul et critiqué… le stress augmente alors considérablement… le taux d’adrénaline également, le cortisol se libère aussi en trop grande quantité… Ces molécules, bénéfiques pour l’organisme en petite quantité, vont alors dépasser un seuil de concentration au-delà duquel elles vont devenir un poison pour celui-ci.
Ceci va entraîner des réactions physiques en cascade : votre capacité d’attention diminue, votre réflexion se trouble, votre humeur change, votre motivation baisse, tout comme votre qualité d’écoute, d’empathie et de patience, vous vous fatiguez plus vite… et un cercle vicieux peut commencer :

  • Du fait de ce manque de performance, votre confiance en vous diminue, le stress augmente, tout comme le cortisol et l’adrénaline…
  • Vos relations avec les autres étant moins naturelles, les tensions augmentent, le stress et la chimie négative également…
  • Vos erreurs étant plus fréquentes que d’habitude votre manager vous les fait remarquer davantage, le stress continue d’augmenter…
  • Vous culpabilisez, émotion négative qui fini d’entretenir le phénomène et diminue votre estime de vous…
  • Votre fonctionnement cérébral étant de plus en plus parasité, vous êtes de moins en moins performant…

Et tout cela n’est que de la chimie… L’émotion régule notre capacité d’action suivant un dosage assez fin, et la volonté ne peut pas grand-chose face à cette chimie des émotions. Seule une finesse dans l’attention du manager envers ses collaborateurs va permettre le réglage idéal propice à la performance (telle une mécanique de haute technologie qu’est le corps humain).

Zone de confort, de challenge et de panique

Comme le montre le schéma, la frontière est mince entre la zone de confort et la zone de panique, et c’est pourtant dans celle-ci, cette zone de challenge, qu’il faut évoluer pour performer !

Bérenger Briteau