Silence et coaching marchent souvent ensemble. Mais pas obligatoirement… Ne soyons pas dogmatiques et préférons la souplesse pragmatique aux rigidités théoriques à propos de silence et coaching.
Le silence est sans intérêt, sans importance par lui-même.
Au début du coaching, on croit souvent qu’il faut dire et faire certaines choses pour provoquer des effets. Ensuite, on se rend compte que le silence pourrait faire partie de “ces choses à faire” qui peut provoquer des effets bénéfiques pour le client (pour autant on se rend compte encore un peu plus tard que le silence ne peut être “fait”, n’est pas une chose, ou une technique, ce n’est qu’un état, l’état de notre nature profonde quand elle cesse d’être recouverte avec des agitations mentales.)
Il a été dit à juste titre, que le silence est une sorte de vide qui aspire le plein du client, un espace dans lequel il peut se déposer, une invitation à l’écoute dans laquelle il peut s’entendre lui-même… Mais le silence en tant que tel n’est rien. Ce qui est opérant dans le silence, c’est l’écoute, l’attention offerte à la relation, laquelle peut tout aussi bien se manifester à travers des mots.
En fait :
- s’il y a des choses à dire, alors elles sont dites… et il y a des mots
- s’il n’y a rien à dire, alors il n’y a pas de mots, c’est tout.
Mais dans les deux cas, il y a silence, silence avec ou sans mots.
Silence et coaching, avec ou sans mots
Exactement comme il peut y avoir agitation intérieure, avec ou sans mots.
La présence ou l’absence de mots ne sont que deux formes complémentaires du silence, lequel est encore en dessous de ce premier niveau. Parfois les débutants entendent mieux le silence dans l’absence de mots, qu’ils prennent à tort pour le silence. Mais en progressant, ils verront que le silence est toujours présent. Et que l’absence de mots n’est pas supérieure à leur présence, parce que les mots n’affectent pas le silence.
L’absence ou la présence de mots entre le client et le coach devraient idéalement venir du besoin du client. Mais les besoins du coach font partie intégrante de la relation avec le coach qu’il s’est choisi, et avec l’instant que la vie a choisi pour leur rencontre, lequel dispose chacun des deux protagonistes dans des conditions spécifiques, qui sont la matière première du coaching.
Des fois, il y a du silence et beaucoup de pensées non formulées, voire beaucoup d’agitations et de postures qui sont prises (lesquelles pourraient bien être des impostures). Des fois, il y a des paroles échangées, sur fond d’une profonde qualité de présence, qui traduit un accord stable, une alliance enracinée.
La présence ou l’absence de mots procède d’un réflexe créatif
Le fait de prononcer des mots ou non dans une séquence de coaching dépend de plusieurs fantaisies que la vie nous propose :
- un style de personnalité peut-être, une phase de vie éventuellement dans laquelle on se sent plus ou moins loquace,
- une inspiration en réponse à un appel, à une demande, à un besoin…
- diverses propensions à l’élaboration verbale, qui peuvent très bien créer de la valeur pour un client,
- un aspiration vers la profondeur, qui n’est pas une absence de mots, mais qui peut se manifester par une profonde écoute qui ne laisse pas de loisir aux mots d’être prononcés…
Le silence en coaching est un faux problème
En soi, qu’il y ait du silence ou non dans une séance de coaching est une question presque sans intérêt, cela ne nous concerne pas, cela ne concerne que la grande Vie elle-même. C’est elle qui inspire une chose ou une autre. Je dis “c’est sans intérêt” pour dire qu’il n’y a pas à s’y projeter avec son ego, à élaborer des techniques ou des théories à ce propos, mais on pourrait tout aussi bien dire que “c’est merveilleux, en tant que manifestation de la vie qui mérite tout notre respect, et tout notre amour”. Des fois la vie se manifeste par l’absence de mots et c’est une merveille. Des fois la vie se manifeste par des mots et c’est une merveille. Qui suis-je pour dire que le silence serait plus ou moins profond, puissant, pertinent que des mots ? Il n’y a pas de place pour “moi” dans ce silence, avec ou sans mots.
J’avais écrit il y a quelques années un article sur la force du silence en coaching, que je ne renie pas, mais vous voyez, avec l’expérience, je me dis que le silence n’est pas là où je croyais qu’il était…
Prétendre qu’ “il faudrait” plus ou moins de silence dans un coaching serait une idéologie, qui n’a rien à voir avec l’authenticité du coaching, qui n’a que faire des théories. Les théories sont affaire d’intellectualité et d’ego, tandis que le coaching est une opportunité d’alignement vital, une plénitude de vie en même temps qu’un vide mental, où l’ego n’a pas d’oxygène pour respirer. Mais sur ce vide de pensées, viennent jouer des pensées et des mots comme en musique des notes viennent ponctuer le silence sans l’alourdir.
Voyez juste qu’une goutte d’eau (qui peut mouiller son environnement) ne mouille pas pour autant l’espace qui la contient. Pour vous en convaincre, retirez la goutte d’eau et constatez que l’espace qui la contenait est vide, donc ni mouillé ni sec, juste l’espace. Et faites ensuite le rapprochement avec les mots : quand on les retire on constate qu’il n’ont rien ajouté ni rien retiré au silence qui les contient, pas plus ni moins que leur absence.
Ce que j’essaie de suggérer c’est qu’en coaching, comme en méditation, qu’il y ait ou non des mots ou des pensées est absolument indifférent. Ce n’est qu’une questions de mesures selon les circonstances.
Les mots, et les idées qu’ils véhiculent sont joyeux comme une farandole, qui jaillit du silence pour y retourner. Les mots justes pointent vers le silence de l’insight…
Le silence est dans la profondeur de l’écoute qui pointe vers la Présence.
Pour aller plus loin, voir cet article : Approche de la méditation, qui illustre comment la méditation n’a pas besoin de silence, car elle est elle-même l’état de silence de notre nature profonde, un silence plein de tous les potentiels…