Accompagner la montée en puissance d’une équipe : retour d’expérience sur un séminaire inter-équipes avec NRGy
J’ai récemment eu l’occasion d’accompagner un coach formé chez NRGy dans la conduite d’un séminaire inter-équipes particulièrement stimulant. Ce séminaire réunissait deux équipes d’encadrement intermédiaire, avec une feuille de route claire : renforcer leur efficacité collective, muscler leur engagement autour de sujets structurants, et clarifier leur rôle de relais managérial dans un contexte stratégique en transformation.
L’expérience a été riche. J’aimerais partager ici quelques leviers clés qui ont contribué à la réussite de cette intervention, notamment en ce qui concerne la posture du coach, les choix d’animation, et la manière d’aborder les tensions implicites sans les exacerber.
Enjeux implicites et dynamiques sous-jacentes
Même en l’absence d’un diagnostic systémique formel, trois problématiques implicites sont rapidement apparues chez les participants :
- Un besoin non exprimé de reconnaissance vis-à-vis de la Direction Générale
- Une interrogation sur leur pouvoir d’influence dans la gouvernance de l’entreprise, perçu comme affaibli
- Une confiance encore à construire envers leur nouveau manager
Ces éléments formaient le « soubassement invisible » du séminaire. L’animation a consisté à les traiter sans jamais les nommer frontalement, en créant des conditions de sécurité psychologique et de mise en mouvement collective.
Démarrer fort sans brusquer : l’inclusion comme levier stratégique
L’ouverture du séminaire a été pensée pour marquer un cadrage clair tout en favorisant un climat de coopération. Le manager a présenté les enjeux en quelques minutes, relayé avec fluidité par le coach, créant une cohérence dans le pilotage. L’introduction s’est appuyée sur des métaphores puissantes — notamment celle du moteur à nettoyer régulièrement — pour illustrer la nécessité de prendre soin du collectif, de la dynamique de fonctionnement, et de s’inscrire dans une démarche de progrès continu.
L’inclusion a été renforcée par une activité ludique et symbolique : le jeu de la nappe. Chaque équipe, mélangée pour l’occasion, devait retourner une nappe sans en descendre, en incarnant les qualités nécessaires pour retourner une situation difficile. Ce warm-up a permis d’activer des valeurs fondamentales : communication fluide, confiance mutuelle, coordination instinctive, plaisir de coopérer. L’effet miroir avec la réalité professionnelle des participants était évident.
Structurer l’intelligence collective : architecture d’un processus efficace
Pour accompagner les équipes dans leur montée en lucidité et en coopération, le coach a articulé le séminaire autour de séquences structurées favorisant le travail parallèle, l’écoute mutuelle et la convergence d’idées.
- Travail en parallèle
Chaque équipe a réfléchi séparément à des questions identiques, portant sur son propre fonctionnement, les attentes vis-à-vis de l’autre, et les leviers de réussite partagés. Cette méthode permet à chaque groupe de faire émerger une parole autonome, sans influence ni inhibition. - Monologues croisés
Les restitutions se sont faites sous forme de “monologues croisés”, chaque équipe exprimant ses réponses pendant que l’autre écoutait en silence. Cela a permis de décoller du débat réactionnel et de rester dans une posture d’écoute active et de reconnaissance mutuelle. - Construction d’une vision partagée
Une fois les échanges posés, une synthèse a été élaborée pour faire émerger des constats transverses. Ces constats ont été traduits en axes de travail, confiés à des groupes mixtes inter-équipes, avec pour objectif de produire des propositions concrètes. - Plan d’action partagé
Les productions ont été consolidées dans un plan d’action, validé en plénière avec les deux équipes et les managers. Un temps de projection a permis de clarifier les engagements individuels et collectifs, et d’inscrire les décisions dans une dynamique d’appropriation durable.
Construire un séminaire inter-équipes sans nourrir les résistances
Un enjeu majeur dans ce type de séminaire consiste à soigner la communication préalable. Il s’agit d’éviter deux écueils :
- Nommer trop explicitement les tensions, au risque d’envenimer les ressentiments
- Dissimuler les enjeux, au risque de créer de la confusion ou de la suspicion
L’approche retenue ici a été une communication minimaliste mais structurée, avec un intitulé sobre : “Optimisation des interfaces entre équipes commerciales – bilan de fonctionnement”. Cette formulation laisse de l’espace à l’interprétation tout en posant un cadre professionnel.
Une large part de la réussite s’est jouée ensuite dans l’adaptation continue de l’animation, séquence après séquence. Chaque moment clé a été l’occasion de projeter des éclairages ciblés : sur les croyances collectives, les ressources à valoriser, les habitudes limitantes ou les mécaniques relationnelles invisibles. Le tout, sans jamais enfermer le groupe dans un diagnostic figé.
Chaque détail compte : quand la salle devient un levier d’efficacité
La disposition de la salle a été pensée pour soutenir les dynamiques recherchées. Exit l’amphithéâtre ou les salles cloisonnées. Le séminaire s’est déroulé dans un seul et même espace, sans table, en favorisant la mobilité et la souplesse d’interaction. Les participants étaient regroupés par cercles, en fonction de leurs appartenances fonctionnelles : réseau commercial, trade marketing, comptes nationaux, cellule études. Cette géographie symbolique a permis à chacun d’exister en tant que sous-système tout en gardant une lisibilité sur le système global.
Redéfinir l’efficacité collective : trois leviers systémiques à activer
L’efficacité collective ne se résume pas à la bonne entente. Elle repose sur trois piliers fondamentaux, que le séminaire a permis d’activer progressivement :
- Mobilisation : alignement des énergies individuelles sur un projet commun. Cela suppose de créer du sens, de permettre à chacun de se reconnaître dans la finalité, et de raviver le plaisir d’agir ensemble.
- Unification : articulation entre cohésion humaine et coordination technique. Il s’agit de transformer une juxtaposition d’expertises en une dynamique de coopération fluide, sans repli sur les silos ni perte d’information.
- Polarisation : recentrage stratégique sur les vrais enjeux. Cela implique de clarifier les priorités, d’éviter la dispersion et d’assurer une convergence vers des objectifs partagés et assumés.
Conclusion : la posture du coach comme catalyseur de transformation collective
Ce séminaire a confirmé, s’il en était besoin, que la réussite d’un accompagnement inter-équipes repose moins sur les outils que sur la qualité de la posture du coach : écoute stratégique, capacité à lire les dynamiques implicites, présence incarnée, tact dans la régulation des tensions, exigence dans le cadrage et la relance.
Chez NRGy, nous croyons que l’accompagnement de ce type de démarche exige plus qu’un savoir-faire. Il appelle une présence consciente, une intelligence systémique, et une capacité à transformer les résistances en leviers de croissance collective.
Et c’est exactement ce que cette intervention a permis d’illustrer.