Dans son dernier livre « Focus », Daniel Goleman nous révèle qu’un leader doué d’une bonne écoute de ses émotions (intelligence émotionnelle) engendre dans 92% des cas un climat positif dans ses équipes. À l’inverse, ce climat positif dans l’équipe tombe à 22% lorsque le leader n’est pas en capacité d’accéder à cette forme de conscience de soi. Enfin, ces mêmes études montrent que ce climat collectif entre à hauteur de 30% dans la performance imputable à ce leader !
De quoi réfléchir à l’intérêt d’apprendre à bien gérer ses émotions…
- Mais qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
- À quoi servent les émotions dans le management ?
- En quoi cela peut-il impacter la performance d’un leader ?
Intelligence émotionnelle et écoute de ses émotions
Selon Tomkins « Pour survivre l’organisme a besoin d’un système d’amplification des messages qui demandent un passage à l’action » : c’est le rôle des émotions !
Pour Oatley et Johnson-Laird (1987) « l’émotion prend place précisément là où l’évaluation de la probabilité de succès ou d’échec d’un plan change ». Par exemple : si l’équipe dans laquelle je désire être pleinement intégré me montre explicitement qu’elle m’apprécie, je vais ressentir de la joie ; de même si je reçois un coup de fil me signalant le déblocage d’un point déterminant quant à un projet important ; où quand mon enfant réussit une compétition en prenant du plaisir.
Oatley et Johnson-Laird précisent également que, comme les individus sont toujours engagés dans la poursuite simultanée d’objectifs multiples (objectifs de résultat, mais aussi objectifs d’appartenance, d’autonomie, de différenciation, de création…) l’écoute de ses émotions remplirait également des fonctions particulières au regard de la coordination des plans.
L’écoute de ses émotions représente un véritable GPS personnel
Les émotions seraient donc également un indicateur nous permettant de prioriser en fonction de ce qui est important pour nous. Les émotions pourraient donc nous servir de GPS afin de mieux nous orienter par rapport à ce qui est important pour nous.
les émotions: un véritable GP
L’intelligence émotionnelle quant à elle, est la capacité à savoir se mettre à l’ écoute de ses émotions et à faire preuve d’empathie (savoir « lire » les émotions des autres). Nous ne traiterons dans cet article que de la capacité à savoir écouter ses propres émotions.
Écouter ses émotions c’est savoir les accueillir comme des messagers portant un message important. De ce fait il n’y a pas d’émotions positives ou négatives, il n’y a que des émotions agréables ou désagréables.
L’intelligence émotionnelle, en nous rendant plus conscients de nos émotions, de nos choix, de nos pensées, de nos comportements, va nous donner des informations, tel un GPS, afin de nous permettre un alignement cohérent de tous nos domaines de vie. En étant à l’écoute de nos émotions, on va ainsi pouvoir réajuster constamment nos actions à notre cohérence interne.
Ceci va entraîner une sensation de plénitude, engendrer des émotions agréables et ainsi libérer de la dopamine et de la sérotonine (qui améliorent les capacités de traitement de l’information, qui boostent la motivation, augment la résilience, facilitent l’ouverture d’esprit et la prise en compte du point de vue d’autrui…).
La joie, comme les autres émotions permet d’identifier l’alignement intérieur. Ainsi, ne pas se mettre à l’écoute de ses émotions désagréables (par exemple celles que l’on peut ressentir lorsque qu’on laisse sa vie familiale de côté, alors que c’est une valeur forte, au détriment de sa réussite professionnelle), va engendrer une libération régulière de cortisol et d’adrénaline diminuant non seulement la performance au travail, mais aussi la qualité relationnelle.
Ecoute de ses émotions et performance du leader
Alignement des émotions
Voici ce que dit Phil Jackson, entraîneur qui a gagné 11 titres NBA et a coaché les plus gros égos du basket mondial : « Pendant longtemps, j’ai cru que je devais séparer mes convictions personnelles de ma vie professionnelle. Dans ma quête de réconciliation avec mon désir spirituel, j’ai expérimenté un large éventail d’idées et de pratiques, du mysticisme chrétien à la méditation Zen en passant par des rituels amérindiens. Finalement je suis arrivé à une synthèse qui semble authentique pour moi. Et si, au début, je croyais que mes joueurs puissent trouver mes opinions peu orthodoxes et farfelues, j’ai découvert au fil du temps que plus je parlais avec le cœur, plus les joueurs m’écoutaient et tiraient profit de mes discours. »
Cet entraîneur mondial, reconnu internationalement, faisait méditer ses joueurs avant les matchs, leur offrait des livres Zen, brulait de l’herbe sèche dans les vestiaires après de lourdes défaites afin de chasser les mauvais esprits, etc. !
Voici ce qu’en dit Kobe Bryant (joueur le plus talentueux de sa génération et l’un des égos les plus difficiles à gérer en NBA) : « Je ne sais pas pourquoi Phil continue à me donner ces livres zen, il sait bien que je ne les lirai pas (…) parfois vous ne savez pas exactement de quoi il parle, mais vous écoutez (…) même si vous êtes septique, Phil vous amène à être conscient de tout ce qu’il y a autour de vous sur le terrain, cela peut paraître une chose insignifiante, mais c’est vraiment énorme lorsque vous jouez à ce niveau. »
Les émotions positives déclenchent et entretiennent la performance
Quel est le rôle des émotions positives lorsque l’équipe réussit ?
Fredrikson (2003) a réalisé des travaux qui montrent toute l’importance des émotions positives dans l’amélioration de la performance. Il a fait passer toute une batterie de tests à des personnes à qui il avait fait visionner des films :
- Le 1er film engendrait des émotions négatives
- Le 2ème engendrait des émotions positives
- Le 3ème n’engendrait pas d’émotions particulières
On a pu observer chez les personnes qui avaient visionné le film qui provoquait des émotions positives :
- une augmentation de la résilience et de l’optimisme
- une facilité accrue à prioriser
- une amélioration de l’estime de soi
- un développement de la créativité et des tâches de résolutions de problème
- une amélioration de la coordination motrice
Dans le même style d’expériences, les travaux d’Alice Isen (2000) mettent en avant que les émotions positives s’accompagnent sur le plan social d’une meilleure prise en compte du point de vue d’autrui, de plus de coopération, plus de générosité, plus d’aptitude à la responsabilité sociale et à la négociation.
Les émotions positives permettent plus facilement de passer du « je » au « nous ». Inversement, les émotions négatives entraînent un réflexe de repli sur soi.
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