Comprendre et établir une juste distance est essentiel dans toute relation d’accompagnement, qu’elle soit professionnelle comme le coaching, ou personnelle. Cela favorise un environnement sain, respectueux et propice à l’évolution de chacun. Mais comment y parvenir concrètement ? Comment trouver la bonne distance dans une relation d’accompagnement ?
Les Signes d’une Distance Inappropriée
Il est crucial de reconnaître quand la distance est trop grande ou trop faible :
- Distance trop grande : La relation peut sembler froide, impersonnelle ou distante. Le client pourrait se sentir peu écouté ou compris, ce qui nuirait à l’établissement d’une relation de confiance.
- Distance trop faible : La relation risque de devenir fusionnelle, voire intrusive. Cela peut mener à une confusion des rôles, à une dépendance du client, ou à un manque d’objectivité de la part de l’accompagnant. Les frontières professionnelles s’estompent, et des dynamiques inappropriées (partage excessif d’informations personnelles, jugements moraux, conseils non sollicités) peuvent apparaître.
Stratégies pour Ajuster la Distance
Ajuster la distance nécessite une conscience de soi et de la relation :
- Communication Ouverte : Exprimez vos besoins et vos limites de manière claire et respectueuse. Par exemple, un coach peut rappeler le cadre de la séance ou la nature de sa mission.
- Observation Active : Soyez attentif aux signaux non verbaux et aux réactions de l’autre personne. Un malaise, une hésitation, ou une gêne peuvent indiquer que la distance doit être réajustée.
- Cadre Clair : Définissez dès le départ les attentes, les rôles et les limites de la relation. Dans le coaching, cela inclut les modalités pratiques (durée des séances, fréquence) et éthiques (confidentialité, non-jugement).
- Questionnement et Réflexion : Interrogez-vous régulièrement sur votre posture. Suis-je trop impliqué émotionnellement ? Est-ce que je laisse suffisamment d’espace à l’autre pour s’exprimer ?
La Juste Distance dans le Coaching Systémique
En coaching systémique, la notion de distance est fondamentale et se décline sur plusieurs dimensions :
- La Distance Physique : Elle établit un cadre de sécurité. Une proximité excessive peut générer de l’inconfort, tandis qu’un éloignement trop marqué peut créer une froideur. L’espace physique doit permettre au client de se sentir en sécurité pour explorer ses vulnérabilités, tout en maintenant une présence suffisamment proche pour signifier l’engagement du coach.
- La Distance Relationnelle : C’est l’art subtil de maintenir une proximité empathique sans tomber dans la fusion des rôles. Le coach est suffisamment proche pour comprendre le monde intérieur du client, mais assez distant pour préserver sa neutralité et son regard externe. Cela crée un espace où le client peut expérimenter de nouvelles façons d’être sans jugement.
- Le Recul Systémique : Il représente la capacité du coach à observer simultanément le contenu des échanges et les processus sous-jacents (dynamiques de pouvoir, schémas relationnels, mécanismes de défense). Cette méta-position permet d’identifier les transferts ou les projections, offrant une perspective plus large.
Ces trois distances s’influencent mutuellement et leur ajustement continu est une compétence clé du coach, évoluant selon les besoins du client et les enjeux qui émergent.
La Posture du “Regard Amical” en Coaching
Un coach systémique ne peut être neutre ; il est un acteur au service du client. Il adopte un regard amical sur ses clients, reconnaissant leur humanité sans jugement, mais sans familiarité ni promiscuité.
- Bienveillance Professionnelle : Le regard amical est une bienveillance qui reconnaît la dignité et le potentiel du client, sans développer une relation personnelle. Le coach maintient une asymétrie relationnelle, axée sur le développement du client.
- Absence de Promiscuité : Les frontières professionnelles sont claires. Il n’y a pas de partage excessif d’informations personnelles, de contacts physiques inappropriés, ou de glissement vers d’autres rôles (thérapeute, ami). Le coach reste centré sur l’expérience du client.
- Voir l’Humanité depuis la Sienne : Le coach accompagne ce qu’il a déjà exploré en lui-même. Sa propre humanité devient un résonateur, lui permettant de percevoir et d’accueillir celle du client, tout en restant ancré dans l’expérience spécifique de ce dernier.
- Absence de Jugement : Ne pas juger signifie suspendre ses propres critères moraux pour comprendre la logique interne du client. Le coach cherche à comprendre les motivations et les sentiments du client plutôt que d’exprimer une désapprobation personnelle.
Coaching, Proximité et Qualité de Présence
Le coaching gagne en efficacité lorsque la relation est naturelle et non rigide. Bien que la conversation de coaching soit structurée par des méthodes professionnelles (écoute active, questions puissantes, silences), elle doit s’enraciner dans une profondeur de connexion.
L’expérience montre que les meilleurs moments de coaching surviennent lorsque le coach se connecte personnellement à un espace intérieur, une qualité de Présence qui accueille le client et le coach dans leur vraie nature. Cette Présence n’est pas intrusive, mais douce et respectueuse. C’est une intelligence collective qui émerge entre le client et le coach, une complicité qui permet d’atteindre une grande profondeur sans effort. Le coaching se joue souvent “de cœur à cœur”, dans une authenticité qui renforce la relation.
Plus le coach vibre intérieurement, plus son coaching est fort. En s’orientant vers son propre intérieur, le coach se rend disponible et “ressent”, ce qui alimente intuitions et questions puissantes, ancrant la conversation dans une profondeur mutuellement enrichissante. Cette présence partagée tisse une confiance et une chaleur humaine, créant un capital relationnel qui se retrouve instantanément d’une séance à l’autre.
La question de la juste distance n’est pas une réponse de surface, mais une expérience à vivre et à explorer, notamment par le travail de supervision, qui permet d’affiner cette compétence essentielle du coach.
Avez-vous déjà vécu une situation où la distance relationnelle a eu un impact significatif sur l’efficacité d’une relation d’accompagnement ?